• III. La reconstruction de la Chine

    Mao Zedong meurt le 9 septembre 1976. Le pays est alors dans une situation catastrophique : Les politiques menées par Mao ont fait 36 millions de morts et alors qu’il abrite 1/5 ème de la population mondiale, le pays ne pèse plus que pour 3% du PIB mondial. Cet évènement marque la fin d’une aire pour la Chine, et est donc l’occasion d’un renouveau profond pour le pays. Après une période de deux ans de lutte pour le pouvoir, c’est finalement le pragmatique Deng Xiaoping, qui souhaite depuis longtemps mettre en place des réformes de l’économie chinoise et s’écarter du maoisme, qui devient le chef suprême de la Chine en 1978.

     

  • Dès lors, le nouveau leader Chinois fait preuve de sa volonté de transformer le pays, en commençant la politique économique de celui ci.

    Du 18 au 22 décembre 1978 se tient la troisième Session plénière du XI Comité central du Parti communiste chinois, au cours de laquelle Deng Xiaoping tient un rôle majeur. Elle marque un véritable tournant pour le pays et des décisions d’une importance majeure y sont prises : C’est le début de l’ouverture et de la libéralisation du pays. 

    A l’intérieur du pays, cela se traduit par un recul du rôle de l’Etat dans la vie économique. Des réformes de l’agriculture mènent à une dé-collectivisation des terres et à une individualisation des productions. Les agriculteurs doivent toujours vendre une partie de leurs surplus à l’Etat, mais les prix de rachat de celui ci augmentent. La nouveauté la plus marquante réside pendant dans la création d’un marché libre pour la vente des surplus de production. Les producteurs sont désormais autorisés à dégager un profit. La notion de rentabilité gagne en importance dans la manière de penser la production. Au milieu des années 80, les communes populaires et le monopole de l’Etat sur les céréales disparaissent.  Le contrôle du gouvernent se relâche également sur le secteur industriel.

    Cependant, ce ne sont pas les réformes concernant l’intérieur du pays qui sont les plus frappantes. L’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping marque aussi le début d’une toute autre attitude de la Chine à l’égard du reste du monde et une véritable inflexion dans la gestion de ses relations internationales. La Chine veut désormais se moderniser et encourager la coopération économique avec les autres pays : commence alors une véritable politique d’ouverture pour le pays, une marche vers ce que les dirigeants chinois qualifient d’ « économie socialiste de marché ». 

    Développement économique et modernisation du pays sont désormais des priorités pour le gouvernement chinois afin d’augmenter la part des exportations dans l’économie du pays.  Pour cela, le pays décide de s’appuyer sur les investissements étrangers. 

    Un nouveau concept voit alors le jour : celui des ZES ou zones économiques spéciales, qui visent à accueillir et à favoriser les investissements étrangers dans le pays. Les entreprises intégralement possédées par des étrangers sont autorisées à s’y établir, et celles ci bénéficient de nombreux avantages qui rendent ces zones très attractives : Le taux d’imposition sur les bénéfices appliqué dans ces zones est fixé à 15%, alors qu’il est de plus de 30% dans le reste du pays. Les produits exportés depuis ses zones sont exemptés de droits de douane. Les prix de location de terrain dans ces zones sont attractifs et les baux s’étendent généralement sur de longues périodes.  Les bénéfices générés par les entreprises installées dans ces zones peuvent facilement être transférés à l’étranger. Nombre d’entreprises étranglèrent profitèrent donc de ces avantages, notamment l’entreprise automobile française Peugeot. 

    Celles ci sont également installées sur les littoraux, qui sont des espaces de contact privilégiés avec le reste du monde. La plus productive de ces zones économiques spéciales, qui sont aujourd’hui au nombre de 6 est celle de Shenzhen, qui connait une croissance économique annuelle de l’ordre de 25% en moyenne depuis les années 80. De plus, la zone n’attira pas uniquement les industries puisqu’elle fut également très attractive pour les investissements touristiques et immobiliers. 

     

    Ces mesures s’inscrivent principalement dans une volonté du gouvernement, impulsée par Deng Xiaoping, de moderniser le pays. On parle d’ailleurs du programme des « Quatre modernisations », lesquelles passent par des transformations dans les domaines de l’industrie, de l’éducation, de l’armée et de l’agriculture. Le pays s’équipe des dernière technologies dans tous ces domaines et modernise largement ses équipements. Il faut cependant notre que ce programme fut la cible de vives critiques de la part de la communauté internationale, européenne notamment, mais aussi d’une certaine partie du peuple chinois lui même : en effet, beaucoup attendaient de voir naître une « cinquième modernisation », celle de la démocratie, ce qui ne fut jamais le cas. 

     

    Manifestation de la place Tiananmen pour la démocratie en 1989

    Ces réformes rencontrèrent cependant un immense succès et permirent un véritable décollage économique de la Chine, qui devint dans les années qui suivirent une véritable superpuissance à l’échelle mondiale, qualifiée « d’usine du monde », jusqu’à devenir, en 2014, la première puissance économique de la planète. Cette modernisation lui a permis de s’illustrer dans de nombreux domaines et elle est aujourd’hui un acteur majeur sur la scène internationale.
     

     


    votre commentaire
  • Aujourd’hui, la balance de pouvoir semble donc s’être transformée. La position acquise par la Chine au cours des dernières décennies nous pousse à reconsidérer la place de l’Europe en nous rapportant à celle ci. Si le XIX ème siècle fut le siècle de l’expansion, de la grandeur et de la domination européenne, les cartes sont redistribuées à la fin du XXème siècle. Il semble aujourd’hui légitime de se demander si la Chine et sa puissance représentent aujourd'hui une menace pour l’Europe.  La croissance de la Chine est largement supérieure à celle de l’Europe, ainsi que sa surface, sa population, sa puissance économique et donc son poids dans la balance internationale. 

    D’autant plus que la Chine se fait de plus en plus présente sur la scène internationale, et multiplie ses relations avec l’Europe. Elle est désormais un acteur qu’il n’est plus possible de ne pas prendre en considération. Dès février 1978, alors que la Chine entame à peine son processus d’ouverture, elle signe un accord commercial avec la Communauté Economique européenne. Dès 1980, la Chine fait son entrée au FMI. 

    Si l’Europe avait autrefois établis sa domination économique sur la Chine, c’est aujourd’hui cette dernière qui bénéficie d’une très forte influence dans ce domaine sur le Vieux Contient. L’Europe est la première destination des investissements chinois dans le monde. On compte 101 transactions économiques de nature très diverses entre la Chine et l’Europe contre 54 entre la Chine et les Etats Unis. De nombreuses entreprises européennes sont passées sous le contrôle d’entrepreneurs chinois, et leurs chiffres d’affaire cumulés représentent un total de 170 milliards de dollars. La Chine investit dans de nombreux pays et on la retrouve désormais tout autours du globe : en France, l’aéroport de Toulouse appartient à des investisseurs chinois. 

    Au delà de cette influence économique croissante, la Chine tend à s’illustrer dans de nombreux autres domaines et a aujourd’hui largement rattrapé l’Europe.   

    Si les Européens n’ont par exemple jamais réussi à réellement s’unir dans le domaine de la défense et ne dispose pas d’une politique établie dans ce domaine, la Chine a quand à elle développé une armée qui est aujourd’hui la plus nombreuse du monde et donc la puissance est accrue par des équipements modernes désormais à la pointe de la technologie. La part du budget national consacré à la défense a tendance à baisser dans les pays européens, celle ci ne cesse d’augmenter en Chine. Le pays a d’ailleurs récemment fait montre de l’étendue de sa capacité militaire à l’occasion de la célébration des 70 ans du régime communiste, dévoilant entre autre des missiles hypersomniaques et des drones furtifs. 

     

       Défilé militaire pour les 70 ans du régime communiste chinois

    La Chine s’illustre également dans de nouveaux domaine qui lui permettent de démontrer l’étendue de sa puissance au reste de la communauté internationale. On peut ici citer l’exemple de la conquête spatiale, domaine auparavant largement dominé par les occidentaux. Depuis le lancement du premier satellite chinois dans les année 70, La Chine ne cesse de multiplier les prouesses technologiques pour rattraper son retard. Le 3 janvier dernier, la Chine parvenait à poser, pour la première fois de l’histoire, une sonde sur la face cachée de la Lune. Elle se place ainsi devant les Etats Unis, et donc bien évidemment devant les pays européens, peu investis dans la conquête spatiale.

    Finalement, si la Chine, surnommée l’usine du monde, concentrait autrefois sa production sur des produits manufacturés dont la qualité n’était pas toujours bonne et ne bénéficiait pas d’une bonne image à l’internationale, celle ci est aujourd’hui en passe de révolutionner sa production en développant des industries de pointes ou luxueuses.

    Au total, la balance de pouvoir semble s’être complètement renversée, et la Chine a aujourd’hui largement adopté une position dominante vis à vis de l’Europe.

     

     

    D’autant plus que la Chine semble aujourd’hui décidée à ne pas en rester là et à continuer d’accroître sa puissance à l’échelle mondiale. Cette volonté est à la source de certaines tensions avec le continent Européen, qui pose un regard méfiant sur les stratégies développée par l’Usine du Monde. Les nouvelles routes de la soie et les débats qui les entourent en sont un exemple frappant. 


    votre commentaire
  • C’est en 2013 que le Président chinois Xi Jinping met en place le concept de « nouvelles routes de la soie ». Il s’agit d’un réseau de nouvelles routes maritimes reliant la Chine et l’Europe, dont le président affirme, lors d’un congrès du PCC en 2017, qu’elles seront « un conducteur clef de la politique d’ouverture » de la Chine. Celles ci visent à permettre un commerce sans entrave entre la Chine et le reste du monde et une plus forte intégration financière du pays en permettant une plus forte coopération avec les institutions financières internationales. Cependant, ces routes vont aussi et surtout permettre à la Chine de trouver de plus vastes débouchés pour la production de ses entreprises en se dotant d’un espace maritime à l’échelle internationale, puisque 70 pays seront en effet traversés par ces routes. Leur mise en place aura donc pour conséquence logique d’accroître considérablement l’influence économique et culturelle de la Chine, notamment dans la sphère européenne. 

     

    Source : https://information.tv5monde.com/info/que-sont-les-nouvelles-routes-de-la-soie-291725

     

    Cette idée inquiète d’ailleurs fortement les pays européens, qui observent le projet d’un oeil plus que méfiant et qui y opposent de nombreuses critiques, portant notamment sur le manque de réciprocité dans les relations qu’impliquent ces routes, destinée à favoriser un développement des relations commerciales en faveur de la Chine et non en faveur des entreprises européennes. La France a même refusé le projet. 

    Si la Chine affirme que ces nouvelles routes de la soie seront également un atout pour le reste du monde, l’Europe est donc plus que sceptique face à l’instauration de ces routes. Consciente que la Chine pénètre ses marchés de façon croissante, l’Europe voudrait en faire de même et insiste de manière de plus en plus régulière sur la nécessité d’une plus grande ouverture du marché chinois. En février 2017, par exemple, France, Allemagne et Italie ont fait la demande, dans une lettre destinée à la Commission européenne, d’une plus grande ouverture des marchés des pays extérieurs à l’Europe investissant en Europe. La demande concernait implicitement la Chine. La réponse apportée par la Commission européenne fut claire : celle ci « partage entièrement les inquiétudes exprimées à propos de l’accès limité que les entreprises de l’UE ont aux marchés publics des pays tiers, surtout comparé à l’ouverture des marchés publics de l’Union européenne ». A la suite de cette demande, l’Union européenne a entamé d’intenses négociations visant à ouvrir de nouveaux marchés aux investisseurs européens et à favoriser le commerce et les investissements. 

    Concrètement, l’Europe considère aujourd’hui qu’il faut poser des limites aux investissements des entreprises chinoises. 

    La communauté européenne a prit conscience de cette domination économique croissante de la Chine. S’il n’y a pas de consensus au sein de l’Union européenne quand à la politique à adopter envers le partenaire chinois, celle ci essaie, dans une certaine mesure, de contenir l’influence chinoise. En juin 2017, par exemple, le Parlement européen a mis en place de nouvelles armes antidumping élaborées par la Commission européenne qui durcissent les règles appliquées aux exportations chinoises à prix cassés. 

     

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique